Désormais, compte tenu des expériences si difficiles et si décevantes vécues douloureusement par les Therrié-Flaux, compte tenu aussi du temps qui passe pour chacun des membres de l’Association, l’objectif s’oriente de plus en plus vers une double direction : faire vivre l’Association, faire connaître le plus largement possible le drame de François.
2023
3 juin. Assemblée générale à Paris. Chacun reste convaincu que le but de l’Association et des parents de François est toujours de chercher la vérité pour elle-même, mais aussi de tout faire pour qu’un tel drame ne se renouvelle pas.
Un des adhérents, Francis, propose de constituer un « groupe de pilotage », suggestion qui entraîne aussitôt l’adhésion du bureau. En font partie les membres du bureau auxquels s’associent Marie Laurence, Yvonne et Danielle L. Le groupe de pilotage est ouvert à tous les adhérents évidemment.
D’autre part un élément important dans les circonstances du décès de François tient dans la consommation de drogue par les adolescents, particulièrement dans les établissements scolaires. Or, justement, le Conseil économique, social et environnemental vient de faire paraître un rapport sur cette question qui va être discutée au Parlement. Les conclusions tirées par la commission qui s’est chargée de ce sujet tendent à prouver que la seule répression menée par l’Etat n’est en rien efficace et qu’il vaudrait mieux mettre l’accent sur la prévention. On aboutit même à la proposition de légalisation de la consommation de cannabis. L’Association pourrait apporter sa contribution au débat.
Francis offre à l’assemblée une suggestion nouvelle et intéressante. Il travaille comme tuteur avec des étudiants en master 2 de l’université d’Assas à Panthéon-Sorbonne en politiques publiques et doit leur proposer pour la rentrée prochaine divers sujets sur lesquels ils rédigeront en groupe de quatre ou cinq un mémoire à soumettre à un jury en fin d’année scolaire : pourquoi ne pas leur proposer, entre autres, un travail sur les politiques publiques et la légalisation du cannabis ?
Les participants à l’AG reprennent volontiers cette idée. Ils ajoutent une autre action : que chaque adhérent écrive à son député pour lui poser la question de la répression/ prévention dans la consommation de cannabis et lui demander sa position sur la légalisation de cette substance.
Octobre. Une lettre modèle est adressée aux adhérents invités à l’envoyer non seulement à leur député mais même au maire de leur commune, voire au président de leur département.
Bernard de son côté envoie le même message par Internet à tous les députés. Aucun ne répond.
Cependant, Bernard et Mireille recevront une réponse de la part de leur député, lettre cassante et agressive qui accuse les auteurs de mettre les élèves en danger en normalisant la drogue dans les lycées.
Ils recevront aussi une réponse à leur courrier envoyé aux élus locaux:
Novembre. En définitive, avec l’accord du professeur responsable, on aboutit à la formulation suivante pour le sujet proposé aux étudiants: « Evaluation et amélioration des politiques publiques concernant la consommation de drogues et les trafics dans les établissements scolaires ». Un groupe de cinq étudiantes choisit ce sujet.
Décembre. Décès de Bernadette, une des adhérentes les plus fidèles et les plus engagées.
2024
Janvier-mars. Les étudiantes prennent contact avec les Therrié-Flaux d’une part et avec Thérèse et Claire d’autre part puisque le point de départ de leur réflexion leur est fourni par le drame de François.
25 mai. Assemblée générale.
Trois des étudiantes du groupe de travail, vidéo à l’appui, -présentent un panorama des législations existantes. La réglementation reste floue et inadaptée.
-exposent leurs conclusions.
un plan d’action à l’adresse de l’Association :
Refonte du site internet
Lien avec les réseaux sociaux
Partenariat avec d’autres associations.
Recrutement de nouveaux membres.
Faire du lobbying (envoyer des courriers aux élus, organiser des
conférences-débats, etc.)
des recommandations de politiques publiques :
Dépénaliser la consommation de cannabis
Financer la prévention dans les écoles.
Intégrer la prévention dans les programmes scolaires et former des enseignants.
Elaborer un processus d’accompagnement social uniformisé.
Créer des « ambassadeurs d’addictions » sur le modèle des ambassadeurs contre le harcèlement.
Cette présentation provoque l’approbation unanime de l’assistance qui a notamment apprécié l’aide apportée par toutes les suggestions pour les actions à mener à l’avenir.
Un débat animé s’en suit portant essentiellement sur la question des statuts de l’Association. Il apparaît que l’on peut tout à la fois poursuivre :
un projet rétrospectif : découvrir la vérité sur la mort de François
et un projet prospectif : tout en faisant pression pour la dépénalisation de la drogue rechercher toute possibilité permettant d’éviter la reproduction d’un tel événement.
Rappelons le texte de déclaration à la Préfecture de l’Essonne dans le Journal Officiel :
« ASSOCIATION FRANCOIS. Objet : rechercher la vérité sur la cause et les circonstances du décès de François Therrié-Flaux ; offrir l’occasion de mener une réflexion sur les règlements et lois en vigueur et leur application dans la vie à l’école ».
Déclaration du 06 09 1999.
Cette année de réflexion à propos des retombées des politiques publiques sur ce qui s’est passé en mai 1997 au lycée de Montgeron conforte les Therrié-Flaux dans leur conviction que le comportement des acteurs de la vie scolaire au lycée a eu une conséquence tragique sur leur fils.
Juillet. Réunion du groupe de pilotage qui vise à préciser l’action à venir. Dans l’immédiat, on retient des conclusions précédentes l’incitation à renouveler le site et la nécessité de « faire du lobbying ».
Deux propositions d’action émergent de la discussion :
1 Dans la continuité du travail des étudiantes, -prendre contact avec l’association Oppelia pour apporter sa contribution à la lutte contre la consommation de drogue et particulièrement du cannabis par les élèves de collège et de lycée.
-reprendre à notre compte la proposition de loi rédigée par les étudiantes.
Réserve : ce projet correspond-il à la vocation de notre association qui vise à la recherche de la vérité sur les circonstances du décès de François ? Avons-nous les compétences et les moyens de nous consacrer à ce type d’action si justifiée soit-elle ?
2 Il est clair que le fonctionnement de la vie scolaire dans l’établissement de l’époque a eu une influence néfaste et qu’un état des lieux pourrait apporter des précisions intéressantes sur les circonstances du décès de François. C’est une des conclusions qu’on peut tirer du mémoire des étudiantes. On pourrait donc proposer une nouvelle recherche axée plus particulièrement sur la vie scolaire, ou le « climat scolaire », comme le dit le professeur Eric Debardieux : étudier les dysfonctionnements en 1997 et en 2024 et proposer des réflexions, voire des solutions.
Octobre. Nouvelle réunion du groupe de pilotage.
Suite aux conclusions du travail mené jusqu’en juin dernier, il s’agirait de réfléchir sur le « climat scolaire » tel que le définit le chercheur Eric Debardieux. Réflexion qui permettrait non seulement de faire connaître l’Association François mais aussi de consolider nos hypothèses sur les circonstances et les causes du décès de François et d’apporter sa contribution à l’amélioration du climat scolaire.
Mise en œuvre :
On pourrait envisager un travail qui prendrait comme exemple l’étude du climat scolaire dans le lycée de Montgeron entre 1997 (année du décès de François) et 2024 (violences au sein de l’établissement devenu le Lycée Rosa Parks signalées dans Le Parisien de ce début d’octobre et à la TV ; incidents qui ont provoqué l’intervention de la maire de Montgeron et la venue de Valérie Pécresse, présidente de la région). Entre les deux dates notons qu’à partir de 2011 surtout l’Education nationale dispense des circulaires pour améliorer le climat scolaire.
Francis propose de prendre contact avec l’association Oppelia. Il entend bien présenter l’Association François comme partenaire qui profiterait de l’audition dont jouit Oppelia pour faire connaître notre combat.
Il faut aussi contacter E. Debardieux dont le travail repose sur de nombreuses enquêtes et ouvre des portes vers des solutions. Voir l’article d’Eric Debardieux -un peu plus d’une dizaine de pages- paru sur Internet, Du « climat scolaire » : définitions, effets et politiques publiques, 2015.
2025
Aujourd’hui l’action est en cours. Francis a contacté Oppelia. Mireille a écrit à E. Debardieux qui vient de lui répondre de façon chaleureuse et encourageante. Une réunion a eu lieu chez Francis avec un informaticien qui a exposé ses propositions à Claude, Bernard et Mireille pour le renouvellement du site.
Francis est intervenu de façon pertinente et efficace dans un moment difficile où certains voyaient l’Association entraînée dans une impasse. Une nouvelle orientation lui a redonné sa vigueur.
Mais n’oublions pas que la Justice n’a jamais donné l’intégralité du dossier, notamment les documents photographiques (funérarium et autopsie) qui permettraient d’éclairer de façon irréfutable les causes et les circonstances du décès de François. L’obtention de toutes les pièces manquantes du dossier reste la priorité pour Bernard.
Nous invitons nos lecteurs à rejoindre notre combat pour qu’au moins François qui voulait mettre sa future vie professionnelle au service de l’humanité ne soit pas mort pour rien. Nous nous battons aussi pour apporter notre contribution au bon fonctionnement de l’Education Nationale, qu’elle apporte à tous les élèves les meilleures conditions de leur épanouissement et de leur accès au savoir.