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Cannabis mortel au Lycée : résumé de l'affaire

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Les dysfonctionnements au lycée de Montgeron


Le contexte lycéen

Rappels :

        Il ne faut pas oublier la disposition des lieux à l’époque (l’ouverture à tout va d’un vaste parc où sont répartis plusieurs bâtiments indépendants les uns des autres), le grand nombre d’élèves dont les allées et venues sont incontrôlables, l’évolution de la population scolaire liée à l’évolution de la population dans cette zone de banlieue. Un conseiller d’éducation avait précédemment mis en garde le chef d’établissement sur les risques graves qui menaçaient la communauté scolaire et qu’entraînait le manque de surveillance.

Rappelons que quelques mois avant le décès de François, un élève d’une classe de seconde avait été assassiné par un de ses camarades suite à une querelle pour un trafic d’objet. Le proviseur avait essayé de minimiser l’événement sous prétexte que le meurtre avait eu lieu en dehors de l’enceinte du lycée.

Malgré la discrétion de l’administration à ce sujet, la police sait que les trafics de drogue atteignent un pic cette année-là dans le lycée qu’ils considèrent comme « une plaque tournante ».

En fin d’année scolaire, alors que les épreuves facultatives du bac ont déjà commencé, le relâchement dans la discipline s’est accru. Ainsi, l’assiduité des élèves entre le 20 et le 26 mai n’est quasiment plus contrôlée.

L’amie la plus proche de François, la fille du proviseur, avait déjà été surprise à fumer du cannabis dans l’enceinte du lycée. Policiers et professeurs s’accordent pour admettre que le proviseur avouait se sentir dépassé par la conduite de sa fille.

Le 21 mai, pendant les heures du cours de philosophie, elle est autorisée par son professeur de vidéo à aller terminer seule le film qu’elle présentera au BAC. En réalité elle réunit dans la salle vidéo mise à sa disposition au moins huit camarades pendant près de deux heures pour un film qui dure cinq minutes.

Après la séance François est pris à fumer du cannabis avec quatre de ses camarades, tandis qu’un cinquième, étranger au lycée s’enfuit. François subit un interrogatoire devant une commission de neuf adultes présidée par une CPE le 23 mai ; la responsable de la commission le menace : il sera interrogé par la police puisqu’il est le seul à avoir livré le nom de celui qui s’est échappé. Le 26, veille de son décès neuf élèves sont arrêtés dans le cadre du lycée.

Les parents ne seront jamais avertis par l’administration des absences de leur fils et de tout ce qui s’est passé au lycée le concernant pendant cette période. François décèdera sans qu’ils en sachent davantage et même bien après le drame.

Le comportement du proviseur.

Au moment du décès de François, le proviseur cherche à minimiser les liens entre sa fille et François. Certes, il prononce quelques mots émus lors de la cérémonie d’adieux à François, mais très vite il écarte sa fille de cette histoire et veut étouffer l’affaire en bloquant toute information. Il oublie que François est souvent venu chez lui au cours de la dernière année scolaire surtout, non seulement au « château », mais dans sa famille dans la Manche et dans sa résidence secondaire du Morvan. Notons aussi qu’il connaissait bien la mère de François puisqu’elle avait été enseignante pendant deux ans sous son autorité. Mais, comme l’a déclaré le Recteur aux parents de la victime, « il est  naturel  que le proviseur ait tout fait pour protéger sa fille ».

Le chef d’établissement ne se montre pas coopérant avec la police et s’abstient de lui fournir des renseignements sur ce qui se passe au lycée, si l’on en croit les témoignages du commissaire de police de Montgeron et d’un de ses lieutenants.

Il refuse de communiquer les fichiers d’absence aussi bien à la police qu’aux parents.

De même ne seront jamais fournis les noms des élèves présents dans le studio vidéo ni le nom des neuf personnes de la commission.

Le proviseur garde par devers lui le rapport sur l’interrogatoire des élèves du 23 mai. Dans ce rapport il apparaissait que seul François avait dit la vérité lorsqu’il avait révélé qu’il connaissait le jeune homme surnommé « Goufy » (la police attendra un an avant que la fille du proviseur avoue qu’elle connaissait bien celui qui s’était enfui et qu’elle donne son véritable nom). C’est cet individu qui avait apporté le cannabis.

Très réticent dans la communication avec les parents de François, le proviseur ne veut pas revenir avec eux sur les événements qui se sont passés au lycée avant la disparition de leur fils. Mais sur leurs instances pressantes et sur celles de leurs amis professeurs, il consent à les recevoir le 19 juin 1997. Pour la circonstance il est entouré de deux proviseurs - adjoints, de la conseillère d’éducation qui a mené l’interrogatoire et de plusieurs professeurs de la classe de François. Silencieux pendant la plus grande partie de l’entretien, il n’intervient que pour s’inquiéter des informations transmises à Bernard par François sur la réunion clandestine des élèves dans le studio vidéo et pour refuser aux parents la remise du bulletin scolaire de leur fils (il n’y consentira qu’à la demande des professeurs).

En réponse à la demande du Recteur, il remet à ce dernier une lettre en septembre 1997. Il n’y est pas question de l’individu entré en cachette dans le lycée le 21 mai pour y introduire du cannabis et fumer avec les autres, et qui s’est enfui. Il s’agit d’un ami de sa fille. Il modifie les heures de la réunion dans la salle vidéo en la faisant correspondre à la récréation de 15 minutes. Il insiste sur le fait que seul François était en train de « fumer » lorsqu’il a été surpris avec ses camarades qui eux n’auraient pas fumé.

La lettre est remplie de compassion pour la famille que le proviseur prétend avoir voulu aider et qu’il cherche encore à aider, mais les parents sont « aveuglés par la douleur ». Il laisse entendre qu’ils ne surveillaient pas suffisamment leur fils. (Voir les conclusions du premier rapport de police à ce sujet).


L’enquête administrative.

Au printemps 1998 a lieu au lycée une enquête administrative diligentée par le Recteur de l’Académie sur les instances de Bernard et Mireille. L’Inspecteur général en a la charge. Après avoir interrogé les parents de la victime et les membres de l’administration du lycée il remet son rapport au Doyen de l’inspection générale. (Il faudra bien des démarches pour que Bernard et Mireille aient ce rapport en main.)

On y constate que l’inspecteur, en définitive, se fait le défenseur du proviseur, reprenant tous ses arguments et toutes les informations qu’il a bien voulu communiquer à ses supérieurs hiérarchiques. Aucune des observations et des protestations de Bernard et Mireille n’est prise en compte. Les insinuations du proviseur à propos des parents et de François semblent avoir convaincu l’inspecteur.

Certes il note quelques dysfonctionnements dans la vie scolaire, relève les bruits qui ont couru sur le décès de François comme suite d’un règlement de comptes, mais rien de grave, à ses yeux.

Plus intéressants sont les documents dont il est dit qu’ils ne doivent pas être lus par les parents ( !) C’est là que se trouve la lettre du proviseur au Recteur dont il a été question. C’est là que Bernard et Mireille découvrent le nombre d’adultes de la commission de suivi.

De cette commission ils apprendront plus tard de la bouche du juge délégué aux affaires scolaires du service juridique de l’Education nationale, qu’elle était illégale et dangereuse. (Ce service ne fera rien pour rechercher les noms inconnus des personnes présentes à cette commission et que l’on ignore encore en 2014).

Mais l’inspecteur n’y trouve rien à redire et conclut qu’aucun reproche grave ne peut être formulé à l’encontre du proviseur et de ses collaborateurs.

Conclusion

De ces enquêtes policières, des expertises, de l’enquête administrative, il ressort une connivence entre les institutions pour se protéger et protéger leurs représentants, notamment ceux de l’Éducation nationale. Qu’il s’agisse des affaires soulevées par le collectif « Justice pour nos enfants » ou de drames qui ont marqué la vie d’établissements scolaires ces dernières années, on peut formuler les mêmes observations, les mêmes reproches : il s’agit de masquer par tous les moyens tout ce qui remet en cause le fonctionnement et les responsabilités des institutions publiques.

Dans le cas de François, nulle part n’ont été envisagés le règlement de compte ou l’acte criminel.

Les parents de François, tout comme chaque membre de l’Association François, continuent d’affirmer qu’ils ne rejettent aucune possibilité ; mais jamais ils n’admettront des conclusions qui résultent de connivences et d’arrangements pour cacher la vérité et les dysfonctionnements du système.

Ils ont en tous cas une conviction : toutes les hypothèses envisagées ont un lien avec le trafic de drogue au lycée de Montgeron et avec la manière dont il a été traité dans ce cas particulier par les institutions concernées.