L'ENGAGEMENT DES PARENTS DE
FRANÇOIS
Sans le soutien de
nos proches, nous n'aurions sans doute ni supporté un tel malheur ni
poursuivi notre quête de la vérité.
En tant que
citoyens, nous avons donc décidé de nous battre pour cette vérité;
nous demandons le respect de la mémoire de François et les égards dus
à notre souffrance de parents.
François venait
d'avoir dix-huit ans. Son sourire exprimait la joie de vivre, la
fantaisie, l'humour. Il était bon élève; à notre connaissance, il
n'avait jamais commis la moindre incartade à l'école; ses camarades
l'appréciaient et il faisait tout pour eux; il aimait les arts; sa
passion pour la guitare classique était connue; il avait la générosité
de son âge et se mettait du côté des plus faibles; il se moquait des
mesquineries. Le métier de chirurgien qu'il envisageait, il l'aurait mis
au service d'un monde meilleur. Nous ne voulons pas qu'il soit mort pour
rien.
Les représentants
des institutions doivent nous traiter comme des individus responsables
qui ont toujours fait acte de civisme et ne se laissent pas égarer par la
douleur. Nous pensons être restés discrets dans nos soupçons, face aux
mensonges, aux dérobades, à la lâcheté et à la désinvolture que nous
avons parfois rencontrés. Au cours de l'année scolaire 1997-1998, malgré
la difficulté que l'on peut imaginer, nous avons exercé notre métier de
notre mieux.
L'Education
Nationale et la Justice doivent
tout mettre en œuvre pour rechercher la vérité et les responsabilités.
Face à la première institution, nous ne cesserons de demander des réponses
précises à nos questions. Face à la Justice, nous réclamons une enquête
sérieuse. A ce jour, aucune thèse n'a été établie. On ne peut nier le
lien qui existe entre ce qui s'est passé dans la vie des élèves au lycée
et la disparition de François.
Nous
voulons dépasser notre cas individuel.
L'ardeur à vivre, François la partageait avec les jeunes de son âge,
comme il partageait avec eux l'inconscience du danger. Nous devons nous
battre pour eux, pour ceux que la vie malmène trop tôt.
Plus précisément,
nous voulons que les établissements scolaires, en particulier les lycées,
offrent aux élèves des conditions de sécurité morale et physique; que
les trafics de drogue, d'armes et autres y soient détruits afin d'éviter
tout prétexte à la violence.
Les responsabilités
des partenaires de la vie scolaire sont trop grandes pour qu'elles soient
assumées dans la médiocrité, l'incompétence et le manque de moyens.
Les parents doivent être partie prenante dans cette lutte; ils doivent au
moins être avertis officiellement de ce qui se passe dans les établissements
fréquentés par leurs enfants.
Il faut reconnaître,
enfin, que la vie d'un simple individu, d'un garçon de dix-huit ans, vaut
bien celle de tout autre citoyen. Nous ne pouvons accepter que la justice
ne soit pas la même pour tous.
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